« Il faut qu’on parle », voilà une petite phrase qui peut faire peur. Elle précède généralement une discussion pas nécessairement agréable mais un moment d’explication important entre 2 personnes. On peut avoir tendance à éviter ce genre de discussions, où chacun s’exprime franchement, car ce que l’autre a à nous dire peut nous déplaire, ne pas nous convenir ou bien impliquer des changements de notre part. Dans bon nombre d’entreprises, beaucoup d’employés ne se sentent pas écoutés et se sentent frustrés parce qu’on ne leur demande pas leur avis, parce qu’on les consulte peu, parce qu’on ne s’intéresse pas à ce qu’ils ressentent. Parfois même, ils s’autocensurent et n’osent même pas prendre la parole, de peur de représailles. La suite, c’est l’enfermement, un délitement du lien avec l’entreprise et une défiance nocive pour l’entreprise et pour les personnes. Beaucoup d’équipes de direction ont peur de donner la parole aux employés, parce qu’ils pensent que ce serait une perte de temps, d’énergie et que cela bousculerait l’entreprise. C’est vrai, libérer la parole ça bouscule, mais ça engage aussi l’entreprise dans un processus sain, constructif et bénéfique où l’entreprise et les individus peuvent y gagner.
Pourquoi il faut libérer la parole en entreprise
1. Parce que cela répond à des besoins fondamentaux des employés
Demander à ses employés de s’exprimer, c’est répondre à plusieurs de leurs besoins fondamentaux. D’abord le besoin de considération et de reconnaissance. Demander à quelqu’un son avis, c’est lui donner de la valeur, lui montrer qu’il compte et que sa voix compte aussi, c’est faire preuve de respect et répondre à son besoin fondamental de reconnaissance. Ensuite, la libération de la parole a un rôle de purge, et donne l’occasion à chacun de dire ce qu’il a sur le cœur, de se défouler même, de dire ce qu’il ressent et ça aussi, cela fait beaucoup de bien. Enfin, libérer la parole, c’est donner la possibilité a chacun de se rendre utile et d’exprimer par ses idées sa créativité, c’est donc répondre à son besoin d’utilité et favoriser son épanouissement personnel.
2. Parce que ne pas le faire est nocif pour l’entreprise et les personnes
Une excellente raison de libérer la parole des employés, c’est que de ne pas le faire peut avoir des conséquences très nocives. D’abord, les employés qui n’auront pas l’occasion de s’exprimer se sentiront frustrés et se désengageront de l’entreprise. De plus, ils trouveront d’autres moyens détournés et toxiques de s’exprimer : par la rumeur, par l’obstruction, par l’enfermement et la passivité, par des conflits sociaux, parfois pire encore par des actes de violence. Par ailleurs, si on ne libère pas la parole à l’intérieur, c’est à l’extérieur qu’elle se libérera le mieux. On peut faire un parallèle avec la relation client en reprenant cet adage très connu « Un client satisfait en parle à 2 ; un client insatisfait en parle à 10 ». On peut imaginer le même processus pour les employés. Pensez aux entreprises dont vous avez une mauvaise image, c’est soit parce que des clients s’en sont plaints, soit à cause d’employés mécontents.
3. Parce que ce que les employés ont à dire est très précieux
Donner la parole à ses employés, c’est accéder à beaucoup d’idées et d’informations importantes. D’abord, il s’agit d’un formidable exercice de vérité, pour comprendre la réalité de l’entreprise. En effet, chaque voix compte et révèle une information sur ce qui fonctionne et sur ce qui ne fonctionne pas. Libérer la parole permettra de remonter tous les problèmes et les difficultés que l’entreprise traverse. Ensuite, donner la parole, c’est aussi avoir la possibilité de faire remonter des informations très utiles pour être en mesure de prendre les meilleures décisions possibles; des informations sur l’entreprise mais également sur les clients, les fournisseurs, les concurrents, l’environnement. Enfin, voici aussi l’occasion de tirer profit de l’intelligence, de la créativité, des compétences, des idées et de l’expérience de son personnel pour impliquer tout le monde dans la recherche des solutions à des problématiques donnés.
4. Parce que cela renforce l’engagement des employés et le collectif
Demander à l’autre ce qu’il pense, c’est l’inclure. Consulter ses employés, c’est engager une conversation, c’est créer une relation, c’est reconnaître leur existence et leur importance et engager dans l’entreprise une démarche collective. Donner la parole à ses employés est une première étape pour engager une conversation dans l’entreprise. Cette parole doit ensuite être entendue et écoutée. Et le dialogue, si il reste courtois et respectueux, renforce la relation même si les échanges sont vifs et pas toujours très plaisants. Par ailleurs, si chacun est consulté et impliqué dans la recherche de solutions, dans la vie de l’entreprise, le sentiment d’appartenance et l’esprit collectif seront renforcés car chaque salarié pourra dire « Nous » plutôt que « Ils » en parlant de son entreprise.
5. Parce que cela pousse l’entreprise à agir
Quand on libère la parole, on apprend plein de choses, pas toujours agréables mais toujours très utiles. Il faut que le management soit conscient qu’une consultation ne donne pas toujours les réponses auxquelles on s’attend et que cela implique d’y faire face, et d’y répondre, au moins partiellement. On ne peut pas, lorsqu’on a demandé à quelqu’un de s’exprimer, ne pas y apporter de réponse. En tout cas, il serait dangereux de ne rien faire. Le risque serait de provoquer de la déception, une perte de confiance et une fracture entre l’entreprise et ses employés.
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Fondateur de WINGMIND, David Chouraqui est conseiller et coach de dirigeants et d’équipes de direction. Il est spécialisé en audits RH, assessment des dirigeants et accompagnement des changements et des transformations.
